08 avril 2013

Les attaques de Requins (2/3) : deux cas filmés



Voici Shannon Ainslie. Lui défie toutes les statistiques.

Le 17 juillet 2000, Shannon, 15 ans, surfe les spots de Nahoon Reef (East London, Afrique du Sud) en compagnie de son frère, quand il est chargé par deux grands requins blancs presque simultanément. Ejecté de sa planche il est mordu à la main, et manque d'être mordu par le second requin. Il s'en sort assez miraculeusement qu'avec de "simples" lacérations à la main.

Et cette scène incroyable a été filmée depuis la plage. 



Encore plus incroyable, deux ans plus tard, Ainslie toujours sur son surf mais cette fois sur un autre spot Sud-Africain est de nouveau heurté par en dessous - un bump sans gravité - alors qu'il est assis sur sa planche... Le requin ira finalement s'en prendre à une autre planche parmi la quarantaine de surfeurs présents ce jour là.

L'histoire d'Heather Boswell est moins chanceuse.

Le 23 mars 1994, le bateau de recherche le Discoverer est en mission au large du Chili. Une partie de l'équipage, dont Heather, profite des conditions météo agréables pour une baignade au milieu de l'océan. Une douzaine de personnes sont à l'eau quand soudain un requin est signalé. La jeune fille sent quelque chose lui mordiller la cheville. Paniquée, elle tente de regagner le bateau à la nage mais le requin blanc revient sur elle. Heather est secourue de justesse mais perdra une partie de sa jambe. L'accident est lui aussi filmé.

Il y a quelques années le National Geographic a choisi ces deux cas, assez différents, mais dont il existe une trace vidéo, pour produire son documentaire : Great White Shark Attacks : True Stories, dans lequel les deux protagonistes témoignent assez longuement. Même s'il n'est pas complètement dénué d'intérêt, ce doc spécule bien trop péniblement sur les différentes raisons conditionnant une attaque sans jamais apporter de réelles réponses. Pour ceux que ça intéressera, il est visible en anglais sur Youtube.

07 avril 2013

Les attaques de Requins (1/3) : quelques chiffres






De 1580 à 2012 : 2569 attaques de requins ont été répertoriées dans le monde, dont 484 mortelles (carte et chiffres de l'ISAF).

Depuis sa création en 1958, l'ISAF, l'International Shark Attack File, recense tous les accidents dus à des requins de par le monde. Initié par l'US Navy, puis par une commission de recherches sur le requin créée par l'American Institute of Biological Sciences (AIBS), ce fichier international est maintenant géré depuis par l'American Elasmobranch Society et le Muséum d'Histoire Naturelle de Floride depuis 1988.

Le Global Shark Attack File et le site internet sharkattackfile.info tiennent aussi des comptes et possèdent une base de données publique en ligne. Sharkattackfile archive toute interaction et incident.... jusqu'aux plus anciennes traces (aujourd'hui 7 avril 2013 nous en sommes à 5286 cas dont 1344 fatals). Divers organismes régionaux de différents pays tiennent également des datas. 

Plage de Vandenberg (Californie), 23 octobre 2012.  Photo DR


Amplifiée et facilitée par internet, la médiatisation à outrance d'une rencontre avec un requin (qu'elle soit anecdotique ou dramatique) est devenue quasi systématique et disproportionnée. Là où avant il fallait des jours voire des mois pour recueillir informations, témoignages ou documents, rien n'échappe dorénavant à la toile médiatique... qui régurgite aussitôt en bloc le meilleur comme le pire.

Avant les années 1950, les accidents dus aux requins étaient bien moins (et plutôt mal) documentés. A part peut-être en Australie, ces "attaques" restaient localement médiatisées, voire pas du tout, ce qui fausse quelque peu les données disponibles pour la première moitié du XXeme siècle. C'est pourquoi nous avons compulsé les données récentes et fiables, c'est à dire depuis l'année 1990 (soit une période de 23 ans), avec l'idée de vous proposer ces quelques graphiques plus bas - les chiffres sont ceux de l'ISAF.

On parle ici d'attaques dites non-provoquées, c'est-à-dire ayant lieu dans l'habitat naturel du requin, sans provocation particulière de la part du nageur/plongeur/surfeur (au contraire de l'attaque provoquée ; le plus souvent lorsqu'on dérange, touche ou manipule l'animal, par exemple lors de pêches, décrochage d'hameçons, prises dans un filet etc...)

Ces attaques non-provoquées vont de la simple éraflure sans aucune gravité à la morsure qui peut entraîner la mort.


Grand Requin Blanc - monde (1990-2012)

1990-1999 : 12 cas mortels.
2000-2009 : 13 cas mortels.

Ces chiffres concernent uniquement le grand requin blanc. Où l'on constate qu'il n'y a pas vraiment de constance; du moins depuis 2000. Les très mauvaises années peuvent se succéder aux moins mauvaises (exemple 2000 comparée à 2001). Quatre années affichent même zéro cas mortel. 2007-2008 ont marqué une accalmie, mais depuis 2010 les chiffres sont remontés jusqu'à atteindre l'an dernier le niveau de 2004.

Géographiquement, un examen de la carte de l'ISAF couvrant la période 1876-2011 est instructif. En ajoutant les chiffres de l'année dernière, les trois pays les plus concernés (période 1876-2012 donc) sont :

- les USA (98 dont 9 cas mortels)
- l'Afrique du Sud (58 dont 13 cas mortels)
- l'Australie (57 dont 31 cas mortels).















Requins, toutes espèces confondues - monde 1990-2012

1990-1999 : 71 cas mortels.
2000-2009 : 49 cas mortels.

Certes, 2011 et 1993 (et 2000) sont les pires années depuis 23 ans, mais soyons clairs : la soi-disant "recrudescence d'attaques de requins" martelée en force l'année dernière n'existe pas. Et les cas mortels ont marqué une régression durant la décennie 2000. Depuis 2010, le total des chiffres reste élevé, mais déjà 2012 affiche quasiment moitié moins de cas mortels qu'en 2011.

Autre graphique intéressant, la répartition des chiffres par région du monde (toutes espèces de requins confondues) :



source (chiffres ISAF)


Pour compléter, jetons un coup d'oeil aux stats des activités des victimes au moment de l'attaque.

Qui risque le plus ? Statistiquement parlant, c'est un homme d'origine caucasienne, de 14 à 28 ans pratiquant le surf. Depuis 20 ans, les surfeurs sont le groupe de population le plus à risque, du fait notamment du temps passé dans l'eau et du caractère "provocatif" du surf (nage et éclaboussures).

Depuis les années 1960-70 les activités nautiques de toutes sortes se sont diversifiées et popularisées. La population mondiale est passée de 5,2 milliards en 1990 à 7 milliards fin 2011. Et si tous ne se sont pas précipité dans l'océan avec une planche, loin de là, il y a de plus en plus de personnes dans l'eau et de plus en plus longtemps. C'est donc statistiquement imparable, il y aura plus de rencontres possibles avec des requins.

Pour finir en relativisant ces chiffres, voici ce petit classement sobrement intitulé Qui tue le plus dans le règne animal ? (dans le monde entier, par année, en moyenne).



04 avril 2013

François Sarano : pourquoi protéger les requins ?



Deux rencontres avec François Sarano pour sa conférence "Plonger avec le grand requin blanc" sont prévues très bientôt :

- le 10 avril 2013 à Paris à la Maison des Océans, Institut Océanographique de Paris à 19h30 (dans le cadre du cycle de conférences requins de l'Institut).

- le 11 avril 2013 à l'IUT 2 de Grenoble à 19h30.

Ce récent article du Monde nous apprend d'ailleurs que sieur Sarano prépare un nouveau documentaire intitulé "Méditerranée: royaume perdu des requins" qui devrait être diffusé à l'automne sur France 2.

On a hâte de voir ça.