De 1580 à 2012 : 2569 attaques de requins ont été répertoriées dans le monde, dont 484 mortelles (carte et chiffres de l'ISAF).
Depuis sa création en 1958, l'ISAF, l'
International Shark Attack File,
recense tous les accidents dus à des requins de par le monde. Initié par l'US Navy, puis par une commission de recherches sur le requin créée par l'
American Institute of Biological Sciences (AIBS), ce fichier international est maintenant géré depuis par l'American Elasmobranch Society et le Muséum d'Histoire Naturelle
de Floride depuis 1988.
Le
Global Shark Attack File et le site internet
sharkattackfile.info
tiennent aussi des comptes et possèdent une base de données publique en
ligne. Sharkattackfile archive toute interaction et incident.... jusqu'aux plus anciennes traces
(aujourd'hui 7 avril 2013 nous en sommes à 5286 cas dont 1344 fatals). Divers organismes régionaux de différents pays tiennent également des datas.
Plage de Vandenberg (Californie), 23 octobre 2012. Photo DR
Amplifiée et facilitée par internet, la médiatisation à outrance d'une
rencontre avec un requin (qu'elle soit anecdotique ou dramatique) est
devenue
quasi systématique et disproportionnée. Là où avant il fallait des jours voire des
mois pour recueillir informations, témoignages ou documents, rien
n'échappe dorénavant à la toile médiatique... qui régurgite aussitôt en bloc le meilleur
comme le pire.
Avant les années 1950, les accidents dus aux requins étaient bien moins (et plutôt mal) documentés. A part peut-être en Australie, ces "attaques" restaient localement médiatisées, voire pas du tout, ce qui fausse quelque peu les données disponibles pour la première moitié du XXeme siècle. C'est pourquoi nous avons compulsé les données
récentes et fiables, c'est à dire depuis l'année 1990 (soit une période de 23 ans), avec l'idée de vous proposer ces quelques graphiques plus bas - les chiffres sont ceux de l'ISAF.
On parle ici d'attaques dites
non-provoquées, c'est-à-dire ayant lieu dans l'habitat naturel du requin, sans provocation particulière de la part du nageur/plongeur/surfeur (au contraire de l'attaque provoquée ; le plus souvent lorsqu'on dérange, touche ou manipule l'animal, par exemple lors de pêches, décrochage d'hameçons, prises dans un filet etc...)
Ces attaques non-provoquées vont de
la simple éraflure sans aucune gravité à la morsure qui peut entraîner la mort.
Grand Requin Blanc - monde (1990-2012)
1990-1999 : 12 cas mortels.
2000-2009 : 13 cas mortels.
Ces chiffres concernent uniquement le grand requin blanc. Où l'on constate qu'il n'y a pas vraiment de constance; du moins depuis 2000. Les très mauvaises années peuvent se succéder aux moins mauvaises (exemple 2000 comparée à 2001). Quatre années affichent même zéro cas mortel. 2007-2008 ont marqué une accalmie, mais depuis 2010 les chiffres sont remontés jusqu'à atteindre l'an dernier le niveau de 2004.
Géographiquement, un examen de
la carte de l'ISAF couvrant la période 1876-2011 est instructif. En ajoutant les chiffres de l'année dernière, les trois pays les plus concernés (période 1876-2012 donc) sont :
- les USA (
98 dont 9 cas mortels)
- l'Afrique du Sud (58 dont 13 cas mortels)
- l'Australie (57 dont
31 cas mortels).
Requins, toutes espèces confondues - monde 1990-2012
1990-1999 : 71 cas mortels.
2000-2009 : 49 cas mortels.
Certes, 2011 et 1993 (et 2000) sont les pires années depuis 23 ans, mais soyons clairs : la soi-disant "recrudescence d'attaques de requins" martelée en force l'année dernière n'existe pas. Et les cas mortels ont marqué une régression durant la décennie 2000. Depuis 2010, le total des chiffres reste élevé, mais déjà 2012 affiche quasiment moitié moins de cas mortels qu'en 2011.
Autre graphique intéressant, la répartition des chiffres par région du monde (toutes espèces de requins confondues) :
Pour compléter, jetons un coup d'oeil aux
stats des activités des victimes au moment de l'attaque.
Qui risque le plus ? Statistiquement parlant, c'est un homme d'origine caucasienne, de 14 à 28 ans pratiquant le surf. Depuis 20 ans, les surfeurs sont le groupe de population le plus à risque, du fait notamment du temps passé dans l'eau et du caractère "provocatif" du surf (nage et éclaboussures).
Depuis les années 1960-70 les activités nautiques de toutes sortes se
sont diversifiées et popularisées. La population mondiale est
passée de 5,2 milliards en 1990 à 7 milliards fin 2011. Et si tous ne se sont pas
précipité dans l'océan avec une planche, loin de là, il y a
de
plus en plus de personnes dans l'eau et de plus en plus longtemps. C'est
donc statistiquement imparable, il y aura plus de rencontres possibles avec des requins.
Pour finir en relativisant ces chiffres, voici ce petit classement sobrement intitulé
Qui tue le plus dans le règne animal ? (dans le monde entier, par année, en moyenne).